Pour une technologie « plus humaine », les repentis de la Silicon Valley s’organisent

par Phane Montet

Tristan Harris, ex-ingénieur de Google et fondateur de Time Well Spent et de l'association Center for Human Technology
Ce mercredi 7 février, à Washington, une première conférence sera donnée par l’association Center for Human Technology et le média Common Sense, dans le cadre du lancement de la campagne « The Truth about Tech ». Le but : prévenir et éduquer enfants et adultes sur les dangers et l’utilisation abusive de la technologie, plus particulèrement chez les enfants. Aux commandes de cette nouvelle association, des têtes bien connues de la Silicon Valley.« La technologie pirate l’esprit des gens », lançait Tristan Harris, ancien designer éthique de Google, en 2016. Depuis, au sein de son association Time Well Spent, il tentait de promouvoir une solution alternative au design addictif, en encourageant la conception d’applications et de sites plus respectueux de notre attention.En ce début 2018, Tristan Harris est de retour avec une nouvelle équipe : d’autres ex-travailleurs des empires Google et Facebook l’ont rejoint pour former le « Center for Human Technology ». Justin Rosenstein, créateur du bouton « like » sur Facebook, Roger McNamee, un des premiers investisseurs de Facebook, ou encore Lynn Fox, employée successivement chez Google et Apple sont quelques-uns de ces repentis travaillés par les remords, et qui cherchent à remettre en question les directives dominantes utilisées pour capter l’attention. On peut citer également Chamath Palihapitiya, ancien cadre de l’entreprise Facebook qu’il qualifiait, en décembre dernier, de « merde ».

Humane Tech, site du Center for Human Technology

Dans la continuité de Time Well Spent, le Center for Human Technology (Centre pour une Technologie Humaine), devrait poursuivre cette volonté de sensibiliser les professionnels de la technologie et citoyens lambda à l’influence qu’ont les nouvelles technologies sur leur vie, leur attention et de leur vie privée.

Cette nouvelle association a aussi pour but de peser face aux GAFA, notamment sur l’échiquier politique en faisant du lobbying auprès du Sénat américain. Deux projets de lois soutenus par deux sénateurs démocrates seront introduits sous peu pour lancer des études sur l’impact des nouvelles technologies sur la santé des enfants.

Les enfants au coeur du débat

Illustration de Traverustravelraisesbar.blogspot.com

La plus grande inquiétude de ces professionnels tous bords confondus, semble en effet se concentrer autour des générations futures, leurs enfants, potentielles victimes des abus possibles de ces nouvelles technologies. Le Center for Human Technology dénonce l’exposition à des contenus inappropriés voire dangereux (comme sur Youtube Kids par exemple), ainsi que le développement d’une addiction aux likes, aux notifications, illustrée le plus souvent par cette envie irrépressible de consulter son fil d’actualité toutes les deux minutes, au cas où une incroyable nouvelle aurait popé.

L’association rejoint les craintes exprimées en janvier par deux investisseurs Apple dans une lettre ouverte adressée à l’entreprise pour réclamer des études sur l’impact des smartphones sur les enfants : entreprise louable, qui cache néanmoins une volonté d’éviter toute forme de badbuzz qui entraînerait une baisse des dividendes de la firme…

Rappelons que le créateur de l’iPhone lui-même interdisait à ses rejetons d’utiliser l’iPod et l’iPad avant un certain âge. De leur côté, un certain nombre de chefs d’entreprises de la Silicon Valley mettent leurs enfants dans des écoles anti-technologie où leur progéniture n’apprend à utiliser Google qu’à partir de 13 ans, et connaît mieux la structure d’un livre que celle d’un ordinateur.

Un commentaire sur “Pour une technologie « plus humaine », les repentis de la Silicon Valley s’organisent

  1. adeline dit:

    dans le monde du travail, les risques psychologiques liés au stress, à l’excès de charge mentale apparaissent les plus préoccupants dans le développement non maitrisé des technologies de l’information et de la communication, à la fois sous ses aspects psychosociaux et organisationnels : « prévention des risques professionnels des technologies de l’information et de la communication » : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=483

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.